I feeeeeeeeeel alriiiiiiiiiiight !!!
Second album des Stooges, Fun House date de 1970. Des quatre albums studio (le dernier, The Weirdness, très raté, date de 2006) que le groupe a sorti, c'est probablement le plus maîtrisé, le meilleur. C'est aussi celui qui comporte le moins de chansons (seulement 7, pour 36 minutes). C'est le plus rock'n'roll. Beaucoup disent même de ce disque que c'est le meilleur album de tous les temps. Personnellement, je ne le pense pas (il y à tellement de disques qui mériteraient aussi cette appellation), mais c'est en tout cas un des plus grands. Ca, c'est clair.
Le groupe de Iggy Pop (chant, hurlements, pétages de plombs), des Frères Asheton (Ron - guitare, Scott - batterie) et de Dave Alexander (basse) propose ici un condensé de barbarie rock, un des premiers disques de musique punk-rock (même si, à l'époque, on appelait ça 'garage rock').
Hormis un L.A. Blues trop bordélique et bruyant, que des classiques absolus sur ce disque. On pourrait citer Loose, qui analyse si bien le désir sexuel, de 1970, dont le refrain est tuant (I feeeel alriiiiiiight, quitte à me répêter, voir le haut de l'article), ou bien le très long (plus de 7 minutes) et très jazzy Fun House, avec le saxophone de Steven Mackay (aussi présent sur 1970, dans une performance free limite inégalée) qui fait envoler le tout très très haut. Juste la voix d'Iggy qui ne parvient pas vraiment à se faire entendre au milieu de tout ce boucan jazzy qu'est la chanson-titre (qu'importe, que le reste du disque, on l'entend très bien : T.V. Eye, morceau limite un petit peu énervant à la longue).

Down On The Streets, l'ouverture du skeud, arrache tout sur son passage, avec la guitare tronçonneuse de Ron Asheton (qui prendra la place du bassiste sur l'album suivant, Raw Power), mais le meilleur titre est incontestablement Dirt, qui, sur 7 minutes, offre un blues remarquable sur le thème J'ai merdé, mais j'en ai rien à secouer. Meilleure chanson du disque, meilleure chanson des Stooges, meilleure chanson de toute la carrière d'Iggy Pop aussi, Dirt est une énorme incantation portée par la basse de feu Dave Alexander, et sur laquelle Ron Asheton balance de temps à autre des riffs destructeurs en acier. Une chanson trippante, incandescente. Le sommet.
Fun House est un disque très brutal, sans concessions, enflammé (comme la pochette le montre bien). Des trois albums que les Stooges ont fait dans les seventies, c'est le mieux produit, et le plus vénéré par les fans. Raw Power sera lui aussi un immense disque, mais la production de David Bowie (bien des années plus tard remaniée par Iggy Pop, qui rétablira le coup, transformant le disque en bordel sauvage), trop commerciale, le tuera un peu dans l'oeuf.
Ici, vous avez les Stooges dans leur plus pur aspect. Et c'est monumental.