Disque sous-estimé, mal-aimé (quoiqu'il ait tendance à être réhabilité désormais), que les Stones ont plus ou moins renié pendant longtemps, n'interprétant quasiment aucun titre en live...Disque le plus dingue et à part des Rolling Stones, sorti en 1967, totalement en phase avec son époque (psychédélisme...1967, de ce point-de vue là, est une année charnière), Their Satanic Majesties Request est un disque étrange, inclassable. Autoproduit par le groupe, qui a saqué Andrew Loog Oldham, l'album se veut être aussi psychédélique que possible, mais reste quand même stonien, à savoir, cynique et rock. On a souvent dit de la pochette qu'elle parodiait celle du Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band des Beatles. En fait, ça serait plutôt celle d'un autre album des Beatles, Magical Mystery Tour, qu'elle parodie : même cadrage nuageux aux couleurs criardes autour d'une photo du groupe en tenue improbable (bon OK, les Stones ne sont pas grimés en morse et autres créatures, mais en mages et nécromants) ; d'un autre coté, pas étonnant que la pochette parodie celle de Magical Mystery Tour, car il s'agit de l'album le plus psychédélique des Beatles.

Their Satanic Majesties Request est un disque difficile d'accès. 44 minutes totalement dingues. L'album s'ouvre sur Sing This All Together, chanson un peu space sur laquelle Jagger se la joue rameuteur de foule (chantons tous ensemble, mes amis). Arrangements étranges, cuivres (arrangements de l'album signés John Paul Jones, futur Led Zeppelin), choeurs avec John Lennon et Paul McCartney (sur ce premier titre seulement)...Jamais on n'avait entendu ça de la part des Stones. Citadel, très rock, suit, et est excellent. In Another Land est signée du bassiste Bill Wyman, qui la chante (une première chez les Stones, qui trouveront le résultat très bon), une chanson aussi excellente que vraiment psyché. Puis le folk psychédélique de 2000 Man, classique que le groupe de hard rock Kiss reprendra (mal) en 1979, sur Dynasty, ou comment parler de Kiss dans un article des Galets. Sing This All Together (See What Happens) est une jam de plus de 8 minutes, instrumentale et fracassée, moment le plus barge de l'album, et accessoirement, un titre assez inégal (trop fouillis, trop bordélique), mais pas vraiment insupportable. A remettre dans le contexte.

She's A Rainbow, qui sera pendant longtemps la musique des publicités Apple (et Manpower, par la suite), est une ballade psyché d'une beauté totale, une des rares chansons de l'album à toujours avoir été bien appréciée des fans avec Citadel et le 9ème titre de l'album (mais attendez pour savoir de quel titre il s'agit). Là encore, le morceau ne ressemble à rien de ce que les Stones avaient l'habitude de faire. The Lantern, sorte de conte gothique à la Poe, suit, et est aussi magnifique que bizarre (arrangements étranges). Gomper est selon moi le titre le plus psyché de l'album (ballade world assez bucolique et gavée de LSD, un morceau limite interminable et irritant (5 minutes).  Bref, j'aime pas trop. Puis le choc 2000 Light Years From Home, une des chansons cultissimes et grandioses des Stones, un voyage spatial magistral et envoûtant. Oui, c'est lui, le 9ème titre. Retour sur Terre avec On With The Show, chanson assez amusante, mais pas vraiment grandiose, sur laquelle la voix de Jagger semble avoir été filtrée.

Their Satanic Majesties Request se vendra plutôt bien (mais pas autant que les autres), et aura des critiques mitigées. Certes, ce n'est pas LE disque le plus grandiose des Galets qui Rolling, mais il faut quand même bien dire qu'il est excellent. Dans le style psychédélique, c'est un des meilleurs crus du genre. C'est, de plus, mon préféré des Stones who Roulent, devant Exile On Main St. et Let It Bleed. Pourquoi ? Parce que c'est le plus anticonformiste et barge de leurs albums, voilà pourquoi !