Groupe/artiste :
|
Queens of the Stone Age |
Album :
|
Songs for the deaf
|
Producteurs :
|
Josh Homme, Eric Valentine |
Maison de disque :
|
Interscope / Universal
|
Date de sortie :
|
août 2002
|
Genre :
|
Stoner rock
|
Si on excepte le Funeral de Arcade Fire, Songs For The Deaf des Queens Of The Stone Age est peut-être bien le dernier vrai chef d'oeuvre du rock. Sorti en 2002, sous plusieurs pochettes différentes (celle qui illustre mon blog est la plus connue, une autre possède un code de couleurs inversé, une autre représente le 'Q' du dos de livret), cet album est le troisième du groupe, et incontestablement, leur meilleur.
Un album-concept, quasiment. L'album démarre (au sens propre du terme) par un bruit de moteur de voiture, et un autoradio diffusant une station de radio. Le D.J. annonce ce qui va suivre sur les ondes, voulez-vous une saga ? Voici "Songs For The Deaf" ! Vous pouvez même l'écouter !, suivi par un bruit de batterie un peu étouffé, mais allant en s'amplifiant (grandiose Dave Grohl), sur un riff destructeur (grandiose Josh Homme). Et l'album démarre avec You Think I Ain't Worth A Dollar, But I Feel Like A Millionaire, morceau totalement dingue et ultrajouissif, porté par les cris sauvages de Josh Homme et du bassiste Nick Oliveri, mené de main de maître par un des groupes les plus talentueux de ces 20 dernières années. Le tempo se calme avec No One Knows, éventuellement First It Giveth, mais le long et démoniaque (à l'image de la pochette) A Song For The Dead remet les choses en place, et vous décalque en un rien de temps. Purement grandiose, absolument terrifiant de maîtrise.
The Sky Is Fallin' est d'apparence plus calme, mais c'est trompeur. Ne vous fiez pas à Josh Homme chantonnant au début du long titre, le reste est vraiment vif. Suivi ensuite par le très court Six Shooter, le morceau le plus violent (et presque inécoutable) du disque rouge. Puis Hangin' Tree, chanté par mister Mark Lanegan et sa voix d'outre-tombe. Cet ex-idole des années grunge ne fait pas partie des QOTSA (même si il chantera un titre sur le disque suivant, Lullabies To Paralyse, et même si il figure sur la pochette verso du disque et sur les photos du groupe), mais il admet volontiers faire partie du 'gang', de la tribu.
Car les QOTSA sont une vraie putain de tribu, où le batteur peut chanter, où l'ingénieur peut empoigner la gratte, où le bassiste se fait chanteur, ou le chanteur produit et mixe.
A propose de batteur, celui du groupe, sur ce disque, n'est autre que l'ex batteur de Nirvana, Dave Grohl. Lui aussi ne fait pas partie du groupe, il ne jouera que sur ce disque. Pourquoi ? Tout simplement à cause du départ du batteur du groupe, Gene Trautman. Grohl connaissant bien les QOTSA (car il était fan de Kyuss, premier groupe de Oliveri et Homme), il leur rend service en officiant comme batteur, mettant provisoirement de coté ses Foo Fighters. On a ici le meilleur batteur de ces 20 dernières années. Et je pèse mes mots : ce type pourrait rivaliser, même si le style est différent, avec Ian Paice, Ginger Baker ou feu John Bonham.
Après Hangin' Tree, le reste du disque oscille entre ballades merveilleuses (Gonna Leave You, Mosquito Song, qui est un des deux bonus tracks) et moments de furie sonore (Do It Again, God Is In The Radio, l'autre bonus track Everybody's Gonna Be Happy - qui est une reprise des Kinks - ou bien encore A Song For The Deaf, pure merveille). Un titre à ma préférence, Go With The Flow, mais tous sont exceptionnels. Et il y à aussi un tube, Another Love Song, qui sera utilisé en France comme musique d'une pub pour Sidaction (les deux jeunes en sous-vêtements dans leur chambre, 'alors, on le fait, ce test, ou pas ?').
Dans Rock'n'Folk (qui aborde cet album dans la rubrique 'Discothèque Idéale'), on parlera de ce disque comme du Mulholland Drive, le Lost Highway du rock. Effectivement. On écoute ce disque comme un ferait une virée dans le désert californien de Mojave. Les interludes radiophoniques dingues et fictifs insérés entre chaque titre sont là pour faire croire qu'on roule en voiture (voir le livret), sous un soleil de plomb, dans le désert, avec de la Corona, des cactus, des serpents venimeux et une musique de malades comme copains de route. De quoi devenir dingue. Un peu comme un film de ce dingue de génie de Lynch, en fait.
Et, en plus, si vous écoutez ce disque trop fort, vous risquerez même de devenir sourd. Comme quoi, le titre est vachement bien trouvé.