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Neil Young - On the beach (1974)




 
01. Walk on
02. See The Sky About To Rain
03. Revolution Blues
04. For The Turnstiles
05. Vampire Blues

06. On The Beach
07. Motion Pictures
08. Ambulance Blues


 
 



 







 
Groupe/artiste :
Neil Young
Album :
Harvest
Production :
Neil Young / David Briggs / Mark Harman /  Al Schmitt
Maison de disque :
Reprise records
Date de sortie :
juillet 1974
Genre :
Rock



 
 







 

 

Second volume de la trilogie "dépression" de l'immense Neil (mais enregistré après "Tonight's The Night", la maison de disques ayant refusé ce dernier), "On The Beach" suit le live "Time Fades Away" (à quand la réedition, bande de feignasses ?) qui contenait dèja quelques chansons colériques et douloureusement autobiographiques ("Don't be Denied", "Yonder Stands The Sinner"...). Ici, on ne trouve pas forcément la bile noir charbon du "Tonight's The Night" qui va suivre.

Il s'agit plutôt d'un très beau disque automnal, parfaitement de circonstance pour ce genre de dimanches après-midi pluvieux. Comme la pochette le suggère, on tourne le dos à l'été, et on s'apprête à sombrer tout doucement dans une profonde mélancolie, lancinante et persistante ("See The Sky about To Rain", morceau que Young avait dans ses cartons depuis 1970 !, ou le très beau "For The Turnstiles").

Le Loner est magnifiquement entouré sur ce disque : Talbot et Molina de Crazy Horse, Ben Keith le fidèle des Stray Gators, et pour couronner le tout, les participations de David Crosby, Graham Nash (nulle trace du frère ennemi Stills...) et du duo Danko-Helm du Band ! Tous ces fidèles spadassins de luxe offrent un écrin sublime aux chansons douces-amères (très !) du Ronchon en Chef. Les bases rythmiques de "Walk On " et de "Revolution Blues" sont un pur régal, à la fois claudiquantes et solides. La slide et le dobro de Keith se taillent une jolie part du gâteau... Du miel à l'acide pour les oreilles !

Young exorcise toujours ses démons : décés, addictions, rapports aux médias (voir "On The Beach"...). Mais il semble moins bourré et plus apaisé que sur "Tonight's...". Il se permet même une belle taloche dans la gueule des vieux hippies bloqués en 1969 sur "Walk On"  (qui aura sa suite avec le "Thrasher" sur "Rust Never Sleeps"): et oui, bouger, toujours bouger, un leitmotiv pour le Loner ! "Vampire Blues" et "Motion Pictures" sont les deux morceaux mineurs de l'album, c'est dire à quelle altitude nous sommes en train de planer !

Et sinon il reste le brelan inattaquable, les pièces maîtresses de l'édifice, les trois raisons pour lesquelles il est criminel de ne pas possèder ce disque. "On The Beach", le morceau, est une magnifique tranche de déprime sur son lit de cafard ("I need a crowd of people, but I Can't face them day to day"... retourne t'enfermer dans ta chambre Neil !). 7 minutes de dérive sur le fil du rasoir trop courtes, avec la guitare "limitée" mais tellement expressive de Good Ol' Neil...

"Ambulance Blues" joue le rôle de la chanson amère jusqu'au bout. 9 minutes de lutte contre le vent pour ne pas se pisser dessus, et pourquoi le passé vire-il toujours à la merde ? La conclusion logique de la vision avancée par "Walk On" en ouverture, en quelque sorte.

Et enfin, le meilleur pour la fin : un des trois meilleurs morceaux du Loner avec "Cortez The Killer" et "Like A Hurricane" selon moi. Ce "Revolution Blues" démentiel retrace avec une précision glaçante la folie meurtrière de la Manson Family (Neil Young avait cotoyé le dénommé Manson à la fin des années 60...). Ce morceau a le choix du roi, musicalement parlant : la section rythmique du band et Crosby... D'ailleurs, il est intéressant de noter que lors de la tournée CSNY de 74, cette chanson figurait au programme. Or les trois autres "couilles molles" se désolidarisèrent de Young en refusant d'occuper la scène à ce moment-là du spectacle...

Et on peut comprendre pourquoi : Young attaque la chanson avec une sorte de plaisir sadique, déchirant les lambeaux de paroles avec force railleries et folie maîtrisée... Son imitation fout réellement les jetons. Et le dernier couplet est à la fois jouissif et dérangeant : 

"Well, I'm a barrel of laughs, with my carbine on
I keep 'em hoppin', till my ammunition's gone.
But I'm still not happy, I feel like there's something wrong.
I got the
Revolution Blues, I see bloody fountains,

 

And ten million dune buggies comin' down the mountains.
Well, I hear that Laurel Canyon is full of famous stars,
But I hate them worse than lepers and I'll kill them in their cars."

Les petits métalleux sont priés de ranger leurs pelles et leurs seaux, à coté de leurs dragons en plastoc. Les grandes personnes sont en train de causer ! Les punks vont adouber le Neil grâce à ce genre de morceaux de bravoure (il s'agit d'une des chansons favorites de Johnny Rotten). Il est quand même hallucinant de penser qu'il aura fallu attendre 2003 pour voir une telle merveille exister en CD... Maintenant que c'est le cas, dégustez !

 



 




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