After The Gold Rush, sorti en 1970, est généralement, et à raison, considéré comme un des sommets de la discographie de Neil Young. C'est aussi l'album qui prouve définitivement à quel point le Loner n'a pas eu de bol en ce qui concerne ses pochettes d'albums ; en effet, celle de l'album est franchement ratée (en fait, pourquoi avoir représenté le visage du Loner en argenté grisâtre de la sorte ?), même s'il y aura pire chez le Loner (Zuma, Harvest, Re.ac.tor). Mais ça, dans un sens on s'en fout, c'est la musique le plus important. Et heureusement, ici, la musique est tout simplement magnifique. Plusieurs classiques de Neil Young (accompagné don son groupe Crazy Horse - Danny Whitten, Ralph Molina, Billy Talbot - mais aussi de Nils Lofgren, Stephen Stills, Susan Young, Jack Nitzsche et Greg Reeves) parsèment ce disque court - un peu plus de 33 minutes pour 11 chansons - et intense.

Produit par Neil Young, David Briggs et Kendall Pacios, After The Gold Rush ("Après la ruée vers l'or") offre en effet Southern Man (presque 6 minutes magnifiques et plus énergiques que le reste de l'album, qui énerveront un peu le groupe Lynyrd Skynyrd, comme le Alabama de l'album Harvest - ils composeront Sweet Home Alabama en partie pour répondre cyniquement au Loner), When You Dance You Can Really Love, After The Gold Rush ou Only Love Can Break Your Heart. La tendance de l'album est globalement douceâtre, mélancolique, folk et country, pas de violence, pas de rock ici. Comme pour Harvest, le Loner est en mode repos du guerrier. Et ça lui réussit (même si je préfère quand même quand Young fait du rock, à la Zuma/On The Beach/Tonight's The Night - à moitié folk, je sais - ou Rust Never Sleeps). Les chansons, parfois très courtes (Till The Morning Comes, Cripple Creek Ferry, moins de 2 minutes chacune), sont toutes superbes.

Pas un album à écouter si on a le blues (la voix lancinante de Neil, les paroles douceâtres et mélancoliques), After The Gold Rush est une merveille qui ravira les fans de Harvest (notamment) ou de son premier album éponyme, sans oublier Crosby, Stills & Nash. Parfait, ce disque fait vraiment partie des jalons de la discographie du Loner. On ne lui dira pas merci, en revanche, pour avoir écrit de sa main les paroles des chansons dans le livret, son écriture est franchement dégueulasse, difficile à déchiffrer ! Mais c'est, comme la pochette, un détail...