Sorti en 1971, ce disque, le quatrième album de Led Zeppelin, ne porte pas de vrai nom. En fait, si, il en porte un, mais ce titre est impossible à retranscrire ici en caractères d'imprimerie, car il s'agit de quatre symboles runiques. Chaque symbole représente un des membres du groupe - dans l'ordre, Page, Jones, Bonham, Plant. Notons que si le CD indique la mention du groupe et des symboles, sur le vinyle, il n'y avait strictement rien sur la pochette externe.
Cet album sans nom (souvent appelé Led Zeppelin IV, The Runes LP, Four Symbols ou même Zoso - cette dernière appellation, rapport au premier symbole, qui pourrait éventuellement ressembler aux lettres Zoso) est incontestablement le meilleur absolu du groupe. 8 titres (pour 42 minutes) sensationnels, éclectiques, tour à tour acoustiques ou furieusement électriques. Chaque face est conçue de la même manière : deux titres énergiques, une ballade acoustique, et un grand titre, long et imposant en conclusion.

L'albm s'ouvre par une chanson énergique, donc, et mythique, Black Dog, dont la partie vocale semble inspirée par celle de la chanson de Fleetwood Mac Oh Well (1969, album Then Play On, lequel est, d'ailleurs, magnifique). Riff tueur de Page, rythmyque infernale (batterie tuante), ce titre met la patate dès le début. Et le second titre, le plus court Rock And Roll (qui servira pendant longtemps d'introduction à leurs concerts), porte vraiment bien son nom. It's been a long time since I rock and roll...It's been a long time since I did the stroll...Carry me back, carry me back, carry me back, baby where I come from...It's been a long time, been a long time, been a long a long a long a long time. Efficace !
The Battle Of Evermore est une chanson acoustique inspirée totalement par Le Seigneur Des Anneaux de J.R.R. Tolkien, et chantée en duo (cas unique dans un album de Led Zep !), avec la chanteuse folk Sandy Denny (du groupe Fairport Convention), morte hélas en 1978. Sublime chanson, alternance magnifique entre les deux voix, paroles sensationnelles dans lesquelles il est question, entre autres, des Ringwraiths (les Nazgùls)...Musicalement splendide, reposant tout du long de ses presque 6 minutes, ce morceau ne laisse présager en rien du cataclymse suivant, le mémorable, le magistral, le culte, le sublime (les mots me manquent, en réalité, tant cette chanson est belle) Stairway To Heaven. 8 minutes (tout rond) incroyables. Je ne ferai pas l'affront d'en parler ici, j'en parlerai mal. Juste dire que c'est la plus belle chanson de tous les temps, et que son solo de guitare final est à pleurer de bonheur. Voilà.
La face B s'ouvrait avec un titre très pop semblant parler de drogue, Misty Mountain Hop, une chanson très plaisante et originale, portée par l'orgue de John Paul Jones. Suivi immédiatement par le plus rock (et même un peu orientalisant) Four Sticks, qui doit son nom au fait que le batteur, John Bonham, utilisa 4 baguettes pour jouer, deux par main (four sticks : quatre baguettes). On peut entendre légèrement le cliquetis des deux baguettes s'entrechoquant, dans chaque main, mais c'est léger.

Going To California, ballade sublime, acoustique, probablement le titre le moins connu du disque (et c'est dommage), est tout aussi reposant, à ce niveau de l'écoute, que l'était The Battle Of Evermore. Abordant la découverte de la Californie par le groupe, lors de leurs premiers concerts là-bas, il est vraiment envoûtant, mais trop court (3,30 minutes, le plus court du disque). Enfin, les 7 minutes bluesy et heavy de When The Levee Breaks (reprise d'un classique blues de Memphis Minnie, méconnaissable) donne une touche forte à la fin du disque. Harmonica (joué par Plant), guitare, chant, rythmique, tout est magistral ici, et la conclusion, pendant laquelle tout semble s'emballer, se mettre à tourner à vive allure autour de la voix de Plant, est incroyable. S'il n'y avait pas Stairway To Heaven, ça serait le meilleur morceau du disque. Pendant un temps, fatigués par la popularité immense de Stairway To Heaven, les membres du groupe certifièrent que When The Levee Breaks était la meilleure chanson de cet album sans nom. C'est dire.
Fulgurant album, un vrai monstre, sans lequel le hard rock moderne ne serait pas grand chose. Jamais plus Led Zeppelin ne parviendra à égaler la puissance de ce quatrième disque à la pochette my(s)thique et à l'appellation (r)unique. Vous voulez découvrir Led Zeppelin ? C'est ce disque qu'il faut acheter en premier.