Surnommé affectueusement The Brown Bomber (rapport à la couleur de sa pochette), Led Zeppelin II est, comme son nom l'indique, le second album de Led Zeppelin. Sorti, tout comme le premier, en 1969 (mais en fin d'année), l'album est généralement considéré comme un des premiers disques de hard-rock de l'histoire. Là où le premier album était surtout imprégné de blues, le second est radicalement plus heavy.
Enregistré dans des conditions pas possible (au cours d'une tournée mondiale ayant entraîné le groupe aux U.S.A.), l'album souffre parfois d'une prise de son plutôt simple, et d'une production trop classique. Les morceaux ont tous été enregistrés dans des studios différents (à Londres, Los Angeles, New York), et parfois, on suppose que certains titres ont été enregistrés en plusieurs fois (Heartbreaker). Les membres du groupe ont du composer ce disque sur la route, le soir, dans les chambres d'hôtel. Ca donne un aspect 'urgent' à l'albm, conçu rapidement, sorti tout aussi rapidement, et dont le succès sera encore plus fulgurant que celui de leur premier album.

Avant d'aborder, track-by-track, l'album, je tiens à affirmer ici quelque chose qui risquera fort de faire bondir les fans absolus du groupe (j'espère qu'ils ont un plafond assez élévé, qu'ils ne se fassent pas trop mal), mais je n'ai jamais considéré II comme le meilleur album du groupe de Page & Plant. Il est certes magistral (seulement deux titres qui ne sont pas à la hauteur du reste), mais je ne l'ai jamais senti supérieur au premier album, ou à l'album sans nom (qui est leur quatrième). Je lui reconnaît une qualité suprème, cependant, il arrache les tripes de sa mère, il déchire, il est totalement heavy, et sans cet album, le groupe n'aurait peut-être pas été aussi cultissime dans le monde du rock.
Et puis, un album qui démarre par le monumental Whole Lotta Love, ça force le respect, honnêtement ! Car quiconque a déjà entendu cet hymne zeppelinien par excellence (le groupe, en live, en fera souvent des marathons de 10, 15, 20 ou 25 minutes, incluant en son sein des medleys blues) sait à quel point c'est un titre fondamental pour le rock. Way down inside, ah honey you ned it/I'm gonna give you my love.
La seconde chanson est encore meilleure, quoique très différente. What Is And What Should Never Be parle d'un amour assez utopique, d'un château où l'amoureux emmène sa dulcinée, on sent une atmosphère bucolique, très proche de Tolkien. Les couplets sont purs, doux, apaisants, mais les refrains (et la fin) sont très lourds et énergiques. Une ballade rock, absolument magnifique. Puis, on passe au long (6,20 minutes, le plus long de l'album) The Lemon Song, un blues torride (Squeeze my lemon till the juice runs down my leg, 'presses-moi le citron, que le jus coule sur ma jambe', la vache !), prenant, rythmé, très heavy et bluesy, un sommet. Impossible de ne pas kiffer dès les premières secondes.

Thank You, morceau qui clôturait la face A, est une ballade poignante (refrains superbes), emmenée par la guitare acoustique de Page, la voix sublime de Plant, l'orgue électrique de Jones. Impossible, pour moi, d'écouter ce titre sans ressentir des picotements dans les yeux, sans parler de la chair de poule. Mon titre préféré de l'album, et un de mes préférés du groupe.
Heartbreaker est un rock torride et virevoltant, contenant en son sein un solo de guitare tuant (enregistré séparément, ça se sent niveau qualité sonore). Un titre énergique qui deviendra vite un titre culte en live. Ce titre phénoménal est suivi d'un morceau très court et totalement inintéressant narrant les mésaventures d'une groupie aux prises avec le groupe (les tournées zeppeliniennes étaient assez rock'n'roll), Living Loving Maid (She's Just A Woman). Très répétitif, ce morceau est le plus gros point faible de II. Heureusement, le titre suivant rattrape le coup, la ballade semi-acoustique Ramble On, inspirée par Le Seigneur Des Anneaux de Tolkien (références à Gollum, au Mordor). Plant, très intéressé par ce genre d'histoires, fera par la suite d'autres chansons sur ce thème (The Battle Of Evermore, Over The Hills And Far Away). Celle-ci est particulièrement magnifique.

Vient ensuite un instrumental, Moby Dick (futur cheval de bataille live), composé dans sa quasi-intégralité d'un solo de batterie de Bonham. Sur ce titre faramineux et rythmé, Bonham joue une partie du solo avec ses poings nus frappant les peaux de ses caisses, sans baguettes. La résonnance est incroyable (c'est dire la puissance du mec, hélas mort en 1980 d'overdose), et même en live, il fera de même, avec ses poings nus. Rien que pour ce passage très culte, ce morceau est inoubliable. Par contre, le morceau suivant, aussi le dernier, est assez banal, Bring It On Home, second titre faiblard de l'album, et hélas, touche finale du disque (donc, touche finale faiblarde, l'album se finit mal). Sur la première partie, Plant se la joue Sonny Boy Williamson du pauvre, tentative ratée d'imiter le maître du blues vocal. Heureusement, la seconde partie est nettement meilleure, rythmée, lourde, vive. Mais ça ne suffit pas à sauver le morceau.
En dépit de ses deux chansons moyennes, Led Zeppelin II est un grand, très grand disque de hard rock. Un an plus tard, Led Zep sortira un disque radicalement différent, quasi-intégralement acoustique, qui surprendra beaucoup les fans, avant de s'imposer comme tout aussi réussi que leurs deux premiers disques. J'en parlerai très bientôt ici, rassurez-vous !
En attendant, ce disque, lourd, énergique et marron, est presque aussi indispensable que leur bluesy premier album. Hautement conseillé !